Silver Film Photography
2009-2011
My own Personal Israel
ENGLISH : (En français plus bas) :
When the name Israel/Palestine is mentioned, many images from the news and the religious imagination come to mind.
I visited Israel/ Palestine twice, in 2009 and 2011. I was in search of answers. I had read Errances from Raymond Depardon and I was soaked in his thirst for the desert, his wandering.
I walked aimlessly, took crowded buses, following my guts or people I met. I discovered a different self, on the other side of a rock, lost in the blue and white immensity, disturbed only by army blasts. I have passed through walls and crossed invisible borders that stop taxis in their tracks and quicken the pulse of passers-by.
I was ashamed of my freedom of movement.
The first day in Tel Aviv, I had to force myself to press my camera’s trigger. I was afraid to take sides, afraid of not being fair. And then I gradually drew my own “mental imagery” of this coveted land.
The contrasts are not what one might expects. They are sometimes accentuated, but over there, reality for me was an infinite palette of greys, moving and surprising. The grain of the photos (this is a silver film work) makes us wonder : what is real ? What is the part of projection and fantasy in our representation of this territory ?
Later, I started dreaming about a piece of land, a hut among goats and stones. I was told how to create a story for myself so that I too could make my aliyah, my return to the land.
The title, My own personal Israel, refers to the elusive quality, the unseizable nature of this piece of land, to the subjectivity inherent in all discourse. It refers to a song covered by Johnny Cash, Your own personal Jesus, and evokes the greedy fervour of each and every one at the evocation of this space : each one knows, each one wants her/his/their share and each one holds a piece of the truth, the head filled with images.
These are mine.
(text written in September 2013, translated from French)
FRANCAIS : Lorsqu’on évoque le nom d’Israël/ Palestine, une foule d’images mentales issues des news et de l’imaginaire religieux, défile.
J’ai séjourné deux fois en Israël/Palestine, en 2009 et en 2011. J’étais en quête de réponses. J’avais lu Errances de Raymond Depardon et j’étais imbibée de sa soif de désert.
J’ai marché sans but précis, pris des cars bondés au gré des rencontres et de l’hospitalité locale. Je me suis découverte autre, au détour de la roche, perdue dans l’immensité bleue et blanche, que seules viennent troubler les détonations. J’ai passé des murs et franchi des frontières invisibles qui arrêtent les taxis en pleine course et accélèrent le pouls des passants. J’ai eu honte de ma liberté de mouvements.
Le premier jour, à Tel-Aviv, j’ai du me faire violence pour déclencher mon appareil. J’avais peur de prendre parti, peur de ne pas être juste. Et puis, j’ai peu à peu dessiné ma propre “image mentale” de cette terre tant convoitée.
Les contrastes ne sont pas ceux que l’on pressent, ils s’accentuent parfois mais, là-bas, la réalité que j’ai rencontré est une palette infinie de gris, mouvante et surprenante. Le grain des photos (il s’agit d’un travail argentique) interpelle: qu’est-ce qui est réel? Quelle est la part de projection et de fantasme dans notre représentation de ce territoire?
Plus tard, je suis mise à rêvasser d’un bout de terre, d’une cahute parmi les chèvres et les pierres. On m’a expliqué comment me fabriquer une histoire pour pouvoir, moi aussi, faire mon alyah, mon retour à la terre.
Le titre, My own personal Israel, renvoie au caractère insaisissable de cette langue de terre, à la subjectivité inhérente à tout discours. Il fait référence à une chanson reprise par Johnny Cash, Your own personal Jesus, et évoque la ferveur avide de tout un chacun à l’évocation de cet espace : chacun sait, chacun veut sa part et chacun détient un bout de vérité, la tête peuplée d’images.
Voici les miennes.
Anaïs TAMEN – Septembre 2013